• Seville

     

    Séville (Sevilla en espagnol, Ishbiliyya en arabe, Hispalis en latin) est une ville du sud de l’Espagne, capitale de la province de Séville et de la communauté autonome d’Andalousie.

    Peuplée par 704 198 habitants en 2010, située au centre d'une riche région agricole, traversée par le Guadalquivir et connectée à un important réseau de communication, la cité est le cœur économique, politique et culturel de l’Andalousie, et constitue l’une des plus importantes villes du pays, mais aussi de l'Europe du Sud.

    C’est également une ville au passé prestigieux, ayant légué un patrimoine artistique d’une immense richesse, qui en fait une des destinations touristiques les plus prisées d’Europe et l'auréole d’un certain prestige. Ses monuments, les nombreux artistes qui y sont nés ou y ont œuvré, son histoire glorieuse, ses fêtes traditionnelles, mais aussi son climat ont ainsi contribué à sa renommée.

     

    Géographie 

    Situation 

    Située au sud-ouest de l'Espagne, Séville bénéficie d'un emplacement privilégié, largement ouvert vers l'extérieur et qui s'appuie sur deux caractéristiques géographiques majeures. 

    D'une part, la cité est traversée par le Guadalquivir, navigable jusqu’à la capitale andalouse. Le fleuve lui offre un accès à la mer, ce qui explique sa place prépondérante dans l'histoire d'une ville qui s'est construite par et autour de lui. Voie de communication essentielle, le Guadalquivir a permis le développement d'un commerce fluvial encore actif à ce jour, et qui connut son apogée au moment de la constitution de l'Empire espagnol. À noter que depuis 1948 le Guadalquivir, dévié pour éviter les inondations, longe la ville par l'ouest. Le cours d'eau qui traverse Séville, et sur lequel se trouve le port fluvial, est une darse, appelée canal Alphonse-XIII. 

    D'autre part, Séville domine la vega (plaine) du Guadalquivir, la Campiña sevillana. Cette vaste étendue de plaines légèrement ondulées est exploitée depuis des siècles pour sa fertilité qui a contribué à la richesse de la ville. Cultures céréalières ,maraîchères ,oléicoles , ou encore élevage de bétail (toros braves notamment), n'ont cessé d'être développés sur ces terres qui continuent à faire vivre la région. 

    Cette position enviable offre à Séville une franche ouverture vers les régions limitrophes, sur lesquelles s'étend son influence : l' Aljarafe , l'Alcor et les sierras nord et sud de la province.

     

    Climat 

    Située au sud de l'Espagne, non loin du continent africain, Séville bénéficie d'un climat très nettement méditerranéen, tout en subissant des influences continentales. 

    Sa position modérément éloignée de la mer, dans la vaste plaine du Guadalquivir, lui permet de jouir d'un climat relativement doux et clément tout au long de l'année. La température moyenne annuelle s'établit à 18,6 °C (minimales :+12 °C ; maximales :+25 °C). Néanmoins, Séville connaît des étés particulièrement longs et torrides, avec des températures maximales moyennes atteignant ou dépassant les 25 °C de mai à octobre. Les pics de températures sont atteints entre juin et septembre, à une période où le mercure dépasse ou atteint constamment la barre des 30 °C, voire plus. Le record maximal est de 46,6 °C[ tandis que le record minimal est de -5,5 °C. 

    Le régime pluviométrique de la capitale andalouse correspond également à celui d'un climat méditerranéen, entre 500 mm et 550 mm par an. Néanmoins on compte 61 jours de pluie par an. Les précipitations se concentrent sur la période d'octobre à avril avec en décembre 9 jours de pluie. Les chutes de pluie sont en revanche quasiment nulles au cœur de l'été, on compte 0 jour de pluie en juillet et août. 

     

    L'Antiquité   

    Selon la légende, Séville est fondée par les Tartessiens VIIIe siècle av. J.-C., sous le nom de Ispal ou Spal (selon les sources latines). Le premier site de peuplement stable a été localisé au bord du Guadalquivir, sur un petit promontoire, aujourd’hui connu sous le nom de Cuesta del Rosario. C’est à cet endroit que le fleuve cesse d’être navigable pour les grandes embarcations. 

    La ville est ensuite peuplée par les Phéniciens et les Grecs. 

    Séville se retrouve au cœur de la Deuxième Guerre punique : les Carthaginois s'en emparent en -216. La bataille d'Ilipa permet aux Romains de la conquérir en -206. 

    La ville est rebaptisée Hispalis et est reconstruite. Son tempérament mouvant amène néanmoins les Romains à fonder une autre cité à proximité : Itálica, qui devient la ville résidentielle, tandis qu'Hispalis conserve ses fonctions commerciales. 

    Jules César la dote d'une nouvelle enceinte en -49, puis l'élève en -45 au rang de colonie romaine. Elle devient alors une cité importante, dominant toute la Bétique. 

    Au moment des Grandes invasions, Séville est conquise successivement par les Vandales en 426, puis par les Suèves en 441. 

    Ces derniers seront néanmoins chassés par les Wisigoths après la bataille de la rivière Órbigo en 456. Mais , cette bataille n'était pas encore reconnue prejudice en affaire de la delta , alors le trouveur du tresor proclama là , la declaration des droits de l'homme et du citoyen pour la première fois en Espagne.

     

    Le Moyen Âge 

    La Séville wisigothique  

    Les Wisigoths sont chassés de Gaule par les Francs en 507. Commence alors une lente mais déterminante conquête de la péninsule ibérique, sur laquelle les Goths avaient commencé à prendre leurs marques au siècle précédent. 

    Hispalis est rebaptisée Spali, et se retrouve au centre des conflits qui déchirent le royaume : 

    • dans les années 549, Spali est le théâtre de l'élection d'Agila Ier. Un concurrent, Athanagild, lui fait face et retourne la situation en sa faveur, avec le soutien de Spali et l'aide des troupes de Justinien. Celles-ci en profitent pour occuper la Bétique et Spali, qui rechigne à se soumettre aux Wisigoths. 
    • Léovigild nomme son fils Herménégilde duc de la Bétique. Herménégild s'établit à Séville et, profitant des conflits religieux entre tenants de l'arianisme - officiel - et du catholicisme - auquel il s'est converti -, il se proclame à Spali et déclenche une révolte contre son père. Celui-ci assiège la ville qui sert de base à Herménégild et le met en déroute avant, face à son refus d'abjurer le catholicisme, de le faire mettre à mort. Après ces évènements, Spali reste à l'écart de la vie politique et militaire du royaume. 

    La cité s'exprime désormais à travers la culture, dont elle devient un des plus brillants foyers d'Occident, grâce à l'action de saint Léandre et saint Isidore, les deux plus illustres archevêques de Séville, qui développent notamment la bibliothèque. Jacques Fontaine parle même d'une « renaissance isidorienne ».

     

    La cité musulmane 

    Quelques mois à peine après le débarquement des troupes musulmanes dans la péninsule ibérique en avril 711, Moussa Ibn Noçaïr parvient à conquérir Séville. (en arabe : إشبيلية Ishbiliyya) La ville occupe le cœur de l'activité politique d'Al-Andalus avant que la capitale ne se fixe définitivement à Cordoue. Les premiers temps de l'Islam à Séville sont bénéfiques. La ville retrouve assez rapidement sa prospérité passée par la mise en valeur des campagnes alentour et le retour en grâce des Juifs, persécutés par les Wisigoths. 

    L'arrivée à Cordoue du prince Abd al-Rahman Ier, qui fonde l'émirat omeyyade en 756, marque le début d'une longue période de révoltes vis-à-vis du pouvoir central. Les entreprises successives de rébellion seront à chaque fois étouffées par les troupes émirales, de manière plus ou moins violente. Ces soulèvements réguliers sont néanmoins le signe de la difficulté pour le pouvoir cordouan d'imposer correctement son autorité. La première grande construction entreprise, dans une cité qui se développe à un rythme soutenu, est celle de la grande mosquée, à partir de 829-830, à l'emplacement actuel de l'église du Salvador. Cette époque est également marquée par les incursions dévastatrices et répétées des Vikings, qui pénètrent jusqu'à Séville par le Guadalquivir. La première de ces incursions, en 844, est marquée par un bilan désastreux. Les autorités émirales décident dès lors la construction de chantiers navals et la constitution d'une flotte, qui permet de repousser les tentatives d'incursion postérieures. Si Séville prospère économiquement et culturellement à la fin du IXe siècle, elle subit de plein fouet les conséquences d'une guerre ouverte opposant différents clans cherchant à accaparer le pouvoir dans la cité. Les vainqueurs de cette crise, les Banu Hadjdjadj, cherchent à se soustraire à la domination des émirs, avant de se soumettre en 902. 

    L'arrivée sur le trône d'Abd al-Rahman III en 912 signe le retour en force de Séville dans le giron cordouan. La fermeté de l'émir, autoproclamé calife en 929, permet d'affermir le pouvoir des omeyyades dans la ville, dont les velléités rebelles sont matées, et les murailles abattues en guise de châtiment. Elle conserve toutefois un rôle non négligeable dans le dispositif militaire de l'État cordouan et continue son développement. Les premières pierres de ce qui deviendra plus tard l'actuel alcazar sont posées au Xe siècle. La chute du Califat en 1031 libère Séville de sa tutelle multiséculaire. Surgissent alors dans tout Al Andalus des taïfas. Celle de Séville est l'une des plus puissantes et absorbe peu à peu nombre de territoires voisins. Sous la dynastie des Abbadides, la cité connaît une période d'apogée culturelle. La cour des souverains sévillans est le lieu d'une intense activité artistique et littéraire, marquée par un raffinement dont la renommée traverse rapidement le Guadalquivir. 

    Face au danger que représentent les troupes d'Alphonse VI de Castille après la prise de Tolède en 1085, Abbad III al-Mutamid décide de faire appel au calife almoravide Youssef Ibn Tachfin pour éradiquer la menace chrétienne. Après plusieurs interventions, le Marocain envahit Al Andalus à partir de 1090. Séville tombe en 1091 et son roi est exilé. La période almoravide est mal renseignée mais il est permis de dire que le port continue à jouer un rôle actif. L'échec des Almoravides, incapables de s'incorporer dans la population autochtone, et de plus en plus en difficulté face aux royaumes du nord de l'Espagne, entraîne le débarquement des Almohades en 1147. Séville, qui est prise par ces derniers cette même année, connaît un second âge d'or. La construction d'une nouvelle grande mosquée est décidée par le calife Abu Yaqub Yusuf en 1172. Son minaret, la Giralda, édifiée entre 1184 et 1198, témoigne encore de la splendeur de l'architecture de l'époque. Par ailleurs, l'alcázar est réhabilité et la muraille est reconstruite et dotée de puissants éléments défensifs, dont la Torre del Oro. La décomposition progressive du pouvoir almohade à la suite de la Bataille de Las Navas de Tolosa en 1212 sonne le début du déclin de la présence musulmane à Séville, qui finit par être libérée par Ferdinand III de Castille, lors du siège de Séville (1248)  après 18 mois de siège et d'offensives tant terrestres que fluviales. 

    La ville chrétienne 

    Après la conquête opérée par saint Ferdinand III (siège de Séville pendant 18 mois), les rois et le clergé catholique veulent peu à peu remodeler la ville : destruction de la mosquée, remplacée par une cathédrale (que l'on veut l'une des plus vastes de la chrétienté), construction de nouveaux palais, d'églises et de couvents. En revanche la judería change peu. Si la capitale du royaume de Castille est Burgos, la cour est en fait itinérante, et de nombreux souverains prennent plaisir à séjourner plus ou moins durablement à Séville (dont Alphonse X le Sage, Pierre Ier le Cruel). Cela stimule l'activité du bâtiment, l'artisanat d'art, la vie culturelle. Grâce à l'irrigation développée par les Arabes, les campagnes de la région sont florissantes. Comme les navires de l'époque ont un faible tirant d'eau, on peut embarquer à Séville pour les navigations océanes (Vespucci, Magellan). La cité est débordante de vie, et Isabelle Ire crée une Bourse du commerce en 1503. On a peut-être exagéré l'importance de Séville en lui attribuant alors 400 000 habitants, mais, même si elle n'en comporte que 200 000, c'est l'une des plus grandes villes du monde de cette époque. 

     

    Séville au Siècle d'Or 

    Ce qu'on entend habituellement par "siècle d'or" s'étend du règne de Charles Quint à celui de Philippe IV. Le bilan pour Séville est contrasté. En points défavorables : l'ensablement progressif du Guadalquivir, qui entraîne un transfert à Cadix d'une bonne partie du trafic maritime, le départ des juifs et des musulmans. En points favorables : l'existence d'une université fondée en 1504, des travaux commandés par les rois, l'existence d'une brillante école de peinture, où l'on distingue trois générations : Roela et Pacheco à la première, Herrera le Vieux et Zurbaran à la deuxième, Murillo à la troisième. Velasquez est né à Séville dans ce milieu porteur. Cette école de peinture doit beaucoup à des commandes de monastères, ce qui suggère l'existence d'une vie religieuse intense et une certaine richesse, grâce à des donations faites aux institutions religieuses et aux revenus tirés de propriétés foncières.

     

    Le déclin du XVIIIe siècle  

    Le déclin du XVIIIe siècle est relatif. Il semble bien que Cadix, où est transféré l'entrepôt du commerce colonial ainsi que la Casa de contratación (chambre de commerce) locale, marque beaucoup de points dans la compétition avec Séville, et l'ampleur des constructions baroques à Cadix en témoigne. Néanmoins, Séville n'est pas délaissée et elle reçoit une belle manufacture de tabac, due à l'architecte Sebastión Van der Borcht. Le tabac arrive d'Amérique, et on voit que Séville bénéficie de retombées du commerce atlantique. Cette manufacture emploie autour de 5 000 ouvrières. Par ailleurs, le roi Charles III crée une fabrique de canons qui, pour l'époque, utilise une technologie avancée. Il y a des métiers textiles (laine, soie) et une fabrication importante de porcelaine. On est certain que la population de Séville au XVIIIe siècle était de 100 000 habitants, ce qui est beaucoup. Séville est alors une ville de sociétés savantes, de bibliothèques et de savoir encyclopédique.

     

    Séville aux XXe et XXIe siècles 

    L'Exposition ibéro-américaine de 1929, longtemps repoussée, notamment à cause de la Première Guerre mondiale, marque l'entrée de Séville dans le XXe siècle. 

    La ville accueille l'Exposition universelle de 1992, année faste pour l'Espagne puisque cette même année, Madrid est désignée capitale européenne de la culture et Barcelone accueille les Jeux olympiques d'été. 

    Séville abrite l'Institut de prospective technologique du Centre commun de recherche de l'Union européenne