• Nature et paysages

    L‘Andalousie émerveilla pendant des siècles les vagues successives de colonisateurs. Elle s’étend de la sierra Morena au nord, qui la sépare des communautés d’Estrémadure et de Castille-La Manche, à la côte méridionale espagnole au sud, et du fleuve Guadiana à l’ouest, frontière naturelle hispano-portugaise, à la communauté de Murcie à l’est.

     

    Entre mers et montagnes

    Contrairement aux idées reçues, l’Andalousie est une terre de contrastes climatiques et géographiques. La vallée fertile du Guadalquivir, qui caractérise parfaitement l’Andalousie, s’étend entre deux chaînes montagneuses très élevées, la sierra Morena au nord et les chaînes Bétiques au sud. L’océan Atlantique et la mer Méditerranée baignent les côtes andalouses aux paysages très éclectiques.

    Sur le plan géologique, l’Andalousie est une région jeune. Elle a remplacé la grande mer qui séparait les masses continentales d’Eurasie et de Goswana. La formation des chaînes Bétiques résultant des mouvements alpins de l’ère tertiaire et la lente sédimentation du Guadalquivir refermèrent la mer, ne laissant qu’un étroit passage de 14 km, le détroit de Gibraltar, lequel, hormis le canal de Suez, est l’unique porte de la Méditerranée.

     

    La sierra Morena

    Son nom est à lui seul une énigme. Certains pensent qu‘il est un dérivé de sierra Mariana (de Mario, préteur de l’Hispanie romaine), d’autres défendent la théorie de la couleur noire de la terre andalouse, où l’ardoise prédomine.

    En dépit de son aspect accidenté et escarpé, il ne s‘agit pas d‘une sierra ou d‘une cordillère ordinaire, mais de l’extrémité méridionale du plateau de Castille qui chute brusquement sur la dépression du Guadalquivir. La sierra Morena apparaît au nord de Jaén, où elle atteint son point culminant (sierra Madrona – 1 323 m), et se prolonge à l’ouest par la sierra de Hornachuelos à Cordoue, la sierra Norte à Séville et la sierra d’Aracena à Huelva.

    Le défilé de Despeñaperros permet d‘accéder à l‘Andalousie par le plateau. Il est creusé par la rivière du même nom dans une région d’étonnantes formations géologiques, recouverte de chênes-lièges, de chênes verts et de chênes rouvres. Grâce aux travaux réalisés il y a quelques années, la route qui le franchit est bien plus praticable qu’auparavant. Elle demeure, néanmoins, tout aussi spectaculaire que celle tracée en 1779 par l’architecte français Le Maur.

    La sierra Morena, avec sa richissime faune protégée (loup, lynx, mangouste, aigle impérial, vautour noir), côtoie des régions hautement cynégétiques où abondent cerfs et sangliers. Elle abrite trois Parcs naturels. Deux d‘entre eux se trouvent dans la province de Jaén, le Despeñaperros et la sierra d’Andújar . Le troisième, au nord de Huelva, l’un des plus vastes de la région andalouse (184 000 ha), couvre la sierra d’Aracena et les pics d’Aroche , zones montagneuses à la végétation diversifiée. On y dénombre vingt-huit municipalités prospères (41 000 habitants), vivant de l’exploitation des chênes-lièges, de l’élevage des cochons rouges et noirs (les meilleurs jambons d’Espagne sont produits à Jabugo, Cortegana et Cumbres Mayores) et, depuis quelques années également, du tourisme rural (des Sévillans en particulier), en constant développement.

    Le Parc naturel de la Sierra d’Andújar, au cœur de la sierra Morena, illustre parfaitement l’écosystème méditerranéen. Il offre une végétation très abondante et diversifiée, de grandes masses forestières et la garrigue méditerranéenne.

     

    La dépression du Guadalquivir

    Épine dorsale de l’Andalousie, elle s’étend entre la sierra Morena et les chaînes Bétiques. Les terres plates, foyer de la civilisation tartessienne, forment un triangle. Son sommet est à l’est, dans la province de Jaén, et la base s’étend le long du golfe de Cadix qui laisse pénétrer l’influence atlantique.

    Toute la vallée, qui représente 65 % de la région, est une région agricole de forte densité en raison de la fertilité des sols noirs. La terre est irriguée par les affluents du Guadalquivir. Les plaines cultivées d’arbres fruitiers et de cultures maraîchères, les grandes étendues de céréales, d’oliviers et de vignobles voisinent dans cette vallée.

    La dépression accueille deux capitales historiques – Cordoue et Séville – et l’un des espaces naturels les plus riches d’Europe, le Parc national de Doñana .

     

    Le Guadalquivir

    Les Romains le baptisèrent Betis et les Arabes « Grand Fleuve » (Guad-al-Quivir) mais, quel que soit son nom, il a toujours été l’âme de l’Andalousie. Le Guadalquivir est le seul grand cours d’eau de la péninsule (670 km de long) qui ne traverse que l’Andalousie. Les puissants affluents des chaînes Bétiques ont progressivement déplacé son lit ; actuellement, le fleuve coule au pied de la sierra Morena.

    Le Guadalquivir prend sa source dans la sierra de Cazorla (Jaén), à 1 600 m d‘altitude. Il parcourt ensuite un petit trajet montagneux avant de s’enfoncer dans la dépression Bétique, poursuit sa descente de Cordoue à Séville (de 100 à 10 m d’altitude), puis devient navigable après avoir reçu les eaux du Genil. Il débouche enfin dans l’océan Atlantique en formant une immense zone marécageuse, Doñana, que les Romains baptisèrent Lacus Ligustinus.

    Les affluents de la sierra Morena (Viar, Bembézar, Guadiato) sont courts, mais ils ont une forte puissance érosive ; ceux des chaînes Bétiques (Guadiana Menor et Genil, entre autres) ont un débit bien plus important.

     

    Les chaînes Bétiques

    La région la plus escarpée de la communauté autonome se dresse entre la dépression du Guadalquivir et la côte. Couvrant la totalité de l’Andalousie orientale, elle est composée de deux chaînes montagneuses de type alpin – la chaîne Subbétique au nord et la chaîne Pénibétique au sud – et d’un couloir qui les traverse, la dépression Pénibétique .

    Ce couloir s’élargit vers l’est pour former la dépression de Grenade , arrosée par le Genil, puis les cuvettes de Guadix et Baza , avant de bifurquer des deux côtés de la sierra de Filabres et de devenir la vallée d‘Almanzora et les dépressions d’Almería.

    Le tracé du système subbétique , qui rejoint à l’est la sierra Morena, est très mal défini. Les zones les plus hautes, les sierras de Cazorla, Segura et Las Villas (de 600 à 2 100 m d‘altitude), sont constituées en Parcs naturels. Entre les chênes verts et les arbousiers vivent des rapaces, des daims et des chèvres sauvages.

    La chaîne Pénibétique est plus élevée. Elle s’étend parallèlement à la côte, de la serranía de Ronda , à l’ouest, dans la province de Málaga, jusqu’à la communauté de Murcie. À proximité de Grenade se dressent la sierra Nevada et ses 14 sommets de plus de 3 000 m d‘altitude, dont le mont Veleta (3 392 m) et le pic le plus élevé de la péninsule ibérique, le Mulhacén (3 482 m). La région historique des Alpujarras , sauvage et difficile d’accès, occupe le versant sud. Vers l’est, déjà dans la province d’Almería, derrière les sierras de Filabres et Gádor , se déploie une grande zone volcanique aux paysages spectaculaires, qui contraste avec le bleu intense de la mer ; il s’agit de l’espace naturel du cap de Gata-Níjar .

     

    La côte

    La côte andalouse (environ 900 km de littoral) est une zone touristique privilégiée. Les plages où débarquèrent les marchands orientaux et les guerriers africains de l’Antiquité accueillent aujourd’hui des vacanciers qui n‘aspirent qu’à passer d’agréables vacances au soleil ou des retraités fuyant les frimas hivernaux du nord de l’Europe.

    La Costa de la Luz , soumise à l’influence de l’océan Atlantique, s’étend de la frontière portugaise au détroit de Gibraltar. Ses immenses plages de sable fin étaient encore désertes il y a peu, hormis certains lieux qui drainaient le tourisme familial espagnol, et plus particulièrement les Sévillans (La Antilla et Matalascañas, dans la province de Huelva). Depuis quelques années, plusieurs centres résidentiels attirent les touristes étrangers (Zahara de los Atunes, Caños de Meca et Tarifa, colonisée par les surfeurs).

    Les plages méditerranéennes sont moins longues et moins ouvertes que celles de la côte atlantique, mais elles sont beaucoup plus connues, probablement parce qu’il y fait très beau presque toute l’année. Les plages de Marbella, capitale de la célèbre Costa del Sol , ne sont pas aussi belles que celles de Rincón de la Victoria, à Málaga, mais leur luxe et leurs installations sportives compensent bon nombre d’inconvénients. Sur la Costa Tropical de Grenade, le littoral est rocheux et les eaux transparentes sont parfaites pour la plongée. Les défenseurs de l’environnement trouveront sur la Costa de Almería des plages protégées et éloignées du tumulte, comme celles de los Genoveses ou du cap de Gata.

     

    Les fleuves andalous

    Au Guadalquivir s’ajoutent de nombreux fleuves qui composent le réseau hydrographique andalou. Leur débit varie sensiblement d’une saison à l’autre. Les barrages construits au cours de la seconde moitié du 20e s. ont permis de réguler leur débit et d’augmenter l’étendue des zones cultivées.

    Les fleuves du versant atlantique (le Guadiana, le Tinto, l’Odiel et le Guadalete) sont longs. Leur débit est assez important, et ils forment des estuaires et des étendues sablonneuses à l’embouchure.

    Les fleuves du versant méditerranéen (le Guadiaro, le Guadalhorce, le Guadalfeo, l’Adra, l’Almería et l’Almanzora) prennent leur source dans les chaînes Bétiques. Ils sont courts et s’achèvent en général en deltas. Dans les provinces de Grenade et d’Almería, au cours de l’étiage, les ramblas , ces sillons très larges et profonds qui sont en réalité les lits de fleuves asséchés, restent à découvert. Après une longue période de sécheresse, les habitants en profitent pour semer et construire. Les années très pluvieuses, l’eau descend bien entendu par les ramblas et détruit tout sur son passage, provoquant d’importants dégâts matériels et humains.

    Ajoutons que l’Andalousie possède plusieurs étendues humides très vastes (l’estuaire du Tinto-Odiel, la baie de Cadix, l’Adra et, bien sûr, la Doñana), des marais et des étangs naturels, des nappes aquifères souterraines et des aires parsemées de lagunes, comme celle de Fuente de Piedra (Málaga).

     

    Climat, végétation et faune

     

    Climat

    Le climat andalou est plutôt de type méditerranéen – la température moyenne annuelle est de 16,8° –, les étés sont secs et chauds et les hivers relativement tempérés et pluvieux. Les précipitations sont en général faibles et irrégulières.

    Une analyse climatique plus détaillée révèle l‘existence de deux grandes zones. En effet, la communauté andalouse est très vaste et la présence de grands systèmes montagneux à proximité d’un long littoral ouvert sur deux mers influence le climat. Ainsi, alors que le climat de la vallée du Guadalquivir est typiquement méditerranéen, les températures des zones montagneuses sont plus basses et les précipitations plus fortes.

    Sur la côte, les plages tranquilles de la Méditerranée et leurs eaux chaudes contrastent avec les plages ouvertes de l’Atlantique, où l’eau est plus froide. Celles-ci sont balayées par des vents forts atteignant une vitesse moyenne de 30,6 km/h, surtout à Tarifa (détroit de Gibraltar), paradis du surf.

    Dans certaines zones bien définies, les grandes différences climatiques de la région sont frappantes. Sur l’axe Andújar-Cordoue-Séville, où, en été, la température dépasse 40º, le printemps fait son apparition dès la fin du mois de février. Les régions montagneuses occidentales de la sierra Morena, mais également les sierras de Cadix et Málaga, dans les chaînes Bétiques, sont les plus humides, car elles sont soumises à l’action des vents de l’Atlantique. À titre d‘exemple, la sierra de Grazalema enregistre la plus forte pluviométrie en Espagne (4 000 l/m2 par an). La sierra Nevada affiche, quant à elle, les températures les plus froides ; des neiges éternelles recouvrent certains sommets, et le domaine skiable est en général ouvert jusqu’au mois de mai.

    Dans la province limitrophe d’Almería, l’aspect aride et volcanique des terres du Campo de Níjar est saisissant.

     

    Végétation

    Cette terre aux multiples contrastes offre une grande variété d’espèces végétales. Le paysage le plus représentatif est la forêt méditerranéenne, constituée d’arbustes de petite taille (cistes, lentisques et genévriers), de plantes aromatiques (thym, lavande et romarin) et d’arbres de type Quercus , comme les chênes verts, les chênes rouvres et les chênes-lièges.

    Certaines zones comptent également des châtaigniers, des caroubiers, des oliviers sauvages et des oliviers sylvestres de grande taille.

    Les pins colonisent les hauteurs et les côtes. Il en existe plusieurs sortes : le pin parasol (ou pin pignon), le pin maritime utilisé pour fixer les dunes sur la côte atlantique, le pin d‘Alep résistant et le pin laricio (ou pin de Corse). Nombreux sont ceux qui, à l’instar des eucalyptus, résultent des repeuplements effectués à une époque où les caractéristiques de la végétation autochtone n’étaient pas prises en compte. N‘oublions pas les forêts de sapins d’Espagne ( Abies pinsapos ), vestiges de la période tertiaire : forêts de Grazalema (Cadix), de la sierra de las Nieves et de la sierra de Bermeja (province de Málaga).

    Sur les rives des fleuves, des ruisseaux et des grandes lagunes se dressent des frênes, des saules et des peupliers noirs. Les terrains humides sont peuplés de roseaux et de tamaris, qui offrent aux oiseaux aquatiques des conditions idéales de nidification.

    Dans les nombreuses zones naturelles protégées pousse un éventail considérable d’espèces végétales (chênes de la sierra Quintana, près d’Andújar, chênes-lièges à Cadix, cactus au cap de Gata), dont plusieurs ont disparu du continent européen.

     

    Faune

    D‘une grande richesse et d‘une grande variété, à l’égal de la flore, la faune andalouse compte de nombreuses espèces protégées, déjà éteintes ou en voie d’extinction dans le reste du monde, comme les phoques moines des îles Chafarinas (province d’Almería) ou les érismatures à tête blanche des lagunes de la chaîne Subbétique (province de Cordoue).

    Les animaux hautement cynégétiques, comme le sanglier, le cerf, le chevreuil, la chèvre sauvage et le bouquetin (nombreux dans les sierras de Cazorla et Segura), partagent leur territoire avec des populations de lynx et de mangoustes , qui font l’objet d’une protection toute particulière.

    L’avifaune doit être traitée à part. Cent quatre-vingt-quatre espèces différentes ont été recensées en Andalousie et une cinquantaine y passent l’hiver avant de se diriger vers d’autres régions. Parmi les oiseaux aquatiques, on compte de nombreux flamants roses à Fuente de Piedra (province de Málaga) et des falcinelles que l‘on ne trouve que dans cette région. Les rapaces sont également très présents dans les zones les plus inaccessibles : on observe de très beaux spécimens d’ aigle impérial et de vautour noir.