• Art et Architécture

    Préhistoire et Antiquité

    Préhistoire

    La grotte de la Pileta (Benaoján, Málaga), dont les kilomètres de galeries sont décorés d’animaux et de dessins schématisés, et les grottes de Nerja (Málaga) attestent la présence humaine dès le paléolithique (30000-9000 av. J.-C.). La grotte d’Ambrosio (Vélez Blanco, Almería) présente une frise décorative sculptée sur l’une de ses parois et constitue un curieux exemple de grotte en plein air.

    Au 3e millénaire, des peuples méditerranéens introduisent la culture mégalithique , qui atteint son apogée au cours du 2e millénaire et dont la plus belle illustration est le village de Los Millares (Gádor, Almería) : ce vaste ensemble témoigne que le peuple qui l’édifia maîtrisait parfaitement le travail des métaux et possédait aussi d’étonnantes connaissances dans le domaine de la céramique, de la vannerie et du tissage. Citons également les célèbres dolmens d’Antequera (nécropoles de Menga, Viera et Romeral), de Castilleja de Guzmán et de Trigueros (dolmen du Soto – 4e-3e s. av. J.-C.), qui constituent l’ensemble le plus important d’Espagne à la fois par leur taille et par le niveau de culture qu’ils reflètent.

    Phéniciens et Ibères

    Vers le 9e s. av. J.-C., les Phéniciens , s’établissent de part et d’autre du détroit de Gibraltar. De leur présence subsistent des tombes, des nécropoles et les superbes sarcophages anthropomorphes (5e s. av. J.-C.) du musée de Cadix. À leur contact, des populations locales s’organisent, dont le royaume de Tartessos (9e-4e s. avant J.-C) qui produit de fins ouvrages d’orfèvrerie en or, et les Ibères qui se signalent aussi par leurs talents d’orfèvres ( trésor de Carambolo , au musée de Séville) et par l’art de la sculpture avec la Dame de Baza .

    Les Romains

    Au 2e s. av. J.-C., l’Andalousie devient la province romaine de la Bétique et se couvre de riches demeures patriciennes, de vastes édifices publics en marbre ornés de sculptures représentant des empereurs, des déesses et dieux protecteurs ( Vénus d’Itálica ) ou de jeunes éphèbes comme celui d’Antequera.

    Cordoue, bien que capitale, ne parvient pas à atteindre la splendeur d’ Itálica , qui rayonne sous Trajan et Hadrien, tous deux d’origine andalouse. Les autres grandes villes romaines de la Bétique sont Hispalis (Séville), Carmona et Acinipo (Ronda).

    La décoration des demeures patriciennes, calquée sur ce qui se faisait à Rome, se compose de mosaïques multicolores, de statuettes de bronze illustrant les travaux des esclaves (portefaix, candélabres), sans oublier celles des dieux domestiques (lares) qui règnent sur la vie quotidienne.

    Les importantes villas campagnardes allaient avoir une profonde influence sur l’architecture andalouse ultérieure.  

     

    L’art hispano-wisigothique (6e s.-8e s.)

    Les Wisigoths arrivent en Espagne au 5e s. avec un art pétri d’influences byzantine et orientale qui va s’étendre sur toute la Bétique romaine jusqu’à la fin du 6e s. Ils construisent des édifices religieux tout simples qui se composent de nefs séparées par des colonnes soutenant des arcs outrepassés, avec des voûtes en fer à cheval. La décoration reflète une nette influence orientale, avec plus de motifs géométriques que de motifs végétaux et peu de représentations humaines.

    L’art wisigothique le plus connu est l’ orfèvrerie , qui atteint son plus haut degré de perfection au 7e s., produisant deux catégories d’objets : les objets liturgiques (croix de procession et couronnes) et les objets à usage personnel (fibules, bracelets, colliers, pendentifs). Certaines de ces œuvres, exposées à présent dans les musées, faisaient partie de trésors qui avaient été cachés à cause de l’avancée des musulmans, comme c’est le cas pour le trésor de Torredonjimeno (Jaén).   

    L’art hispano-musulman (8e s.-15e s.)

    L’invasion musulmane, qui aurait pu sembler a priori une véritable tragédie, est en réalité le point de départ d’une époque de splendeur qui permet aux Andalous, confrontés à l’idéal esthétique de l’Islam, de manifester toute leur créativité.

    Ces huit siècles d’occupation musulmane en Espagne vont imprégner l’art d’al-Andalus, qui va se forger des caractéristiques que l’on ne retrouve dans aucun autre courant artistique de l’époque.

    L’architecture mauresque

    Les arcs

    Au début, on emploie surtout l’ arc en fer à cheval d’influence wisigothe ou orientale, et on joue avec la bichromie des claveaux : claveaux blancs (blanchis à la chaux) et rouges (en brique) sont ainsi alternés. Les arcs, jusqu’ici éléments de soutien, deviennent décoratifs, formant par exemple des séries d’arcatures aveugles. Les rangées entrecroisées d’arcs vont ensuite céder la place à l’arc brisé outrepassé qui sera le plus courant dès le 12e s.

    Au fil du temps, les arcs lobés , déjà présents dans la maksourah de la mosquée de Cordoue, vont être remplacés par les arcs polylobés entremêlés.

    L’ alfiz , ou moulure rectangulaire encadrant l’arc, apparaît souvent et aura une grande influence sur l’art mudéjar.

    Voûtes, charpentes et plafonds artesonados

    Les voûtes mauresques subissent l’influence de l’art islamique oriental. Contrairement à l’art chrétien (voûtes d’arête ou de croisée), les nervures ne se croisent pas en plein centre. Les voûtes qui précèdent le mihrab de la mosquée de Cordoue en sont un bon exemple.

    Outre ces voûtes si spécifiques, il convient de citer les plafonds de bois, appelés artesonados, très en vogue à cette époque, qui témoignent d’une parfaite maîtrise de la technique et de l’esthétique : de simples chevrons et tenons alternent avec des plafonds à caissons sophistiqués, décorés en étoiles et formant de merveilleux entrelacs.

    La décoration : matériaux et motifs

    L’austérité des murs extérieurs des palais andalous dissimule des intérieurs d’une beauté insoupçonnée. À certaines époques, les revêtements servent aussi à masquer la pauvreté des matériaux de construction.

    Les Hispano-musulmans vont parvenir à associer des techniques d’une infinie variété : c’est ainsi que les azulejos et les alicatados (magnifiques soubassements d’azulejos aux reflets métalliques), les panneaux de pierre ou de stuc, les mosaïques d’influence orientale, et les bois travaillés formant des jalousies et les plafonds artesonados vont constituer de luxueux ensembles.

    On peut classer les motifs utilisés dans la décoration en trois groupes :

    - les motifs géométriques , principalement utilisés dans la décoration des soubassements de céramique vernissée et dans la décoration du bois (portes, jalousies et plafonds artesonados ). Les lignes sont brisées et forment des polygones et des étoiles ;

    - les motifs végétaux ou motifs atauriques , qui servent à décorer des panneaux de pierre sculptée ou de stuc. Au fil du temps, les motifs (feuille de palme, vigne) deviennent plus stylisés et aboutissent à des formes complexes. On retrouve souvent l’arbre de vie, décor végétal qui s’ordonne autour d’un axe vertical. Les moçárabes , motifs décoratifs évoquant les stalactites, ornent arcs et coupoles ;

    - les motifs épigraphiques , qui ont un rôle informatif comme les images dans d’autres styles architecturaux. L’ écriture coufique , aux hampes anguleuses, et l’ écriture nesjí , plus libre, sont les types les plus fréquemment utilisés.

    Les arts appliqués

    Les arts décoratifs vont produire une vaste gamme de riches objets que l’on peut classer en deux groupes : les productions utilitaires et les productions somptuaires, qui répondent à la demande d’une classe dirigeante raffinée, très attachée à soigner la décoration de ses palais et soucieuse d’offrir à ses hôtes étrangers des pièces magnifiques et exceptionnelles.

    Céramiques

    Dans le domaine de la céramique , on distingue la faïence vert et manganèse , faïence dite de cuerda seca (azulejos) employée pour décorer les panneaux, et la faïence dorée ou céramique au reflet métallique , dont la fabrication débute au 9e s. à Cordoue et atteint son apogée pendant la période nasride à Málaga où elle est produite.

    Textiles

    Almería prend la suite de Cordoue, où Abd er-Rahman II avait fondé la Casa del Tiraz, manufacture royale des tissus de soie, et se spécialise dans l’élaboration de textiles luxueux et raffinés. Aux 14e et 15e s., les ateliers de Grenade produisent de merveilleuses pièces de soie cousues de fils d’or, aux couleurs en général intenses, et rehaussées d’inscriptions et de motifs architecturaux.

    Orfèvrerie

    Les orfèvres nasrides ont une prédilection pour les épées de gala et ornent avec raffinement gardes et poignées d’ivoire, de filigrane et d’émaux polychromes.

    Travail de l’ivoire, du bois et du cuir

    Pour compléter cet aperçu de l’artisanat mauresque, on ne peut passer sous silence les délicates statues d’ivoire de l’époque du califat, les marqueteries (bois incrusté d’ivoire et de bois d’autres couleurs) qui décorent le mobilier nasride, ainsi que les ouvrages de cuir ( cuir de Cordoue en peau de chèvre et cuirs repoussés en peau de mouton).

    Bon nombre de ces pièces nous sont parvenues, car les chrétiens les avaient en grande estime. Ainsi, les coffres et les écrins d’ivoire dans lesquels les femmes musulmanes rangeaient leurs bijoux et leurs parfums servirent par la suite à conserver les reliques des saints.

    Le califat de Cordoue (8 s.-10 s.)

    La mosquée de Cordoue et le palais de Medina Azahara sont les deux monuments de cette époque réunissant tous les éléments caractéristiques de l’art hispano-mauresque qui allait fleurir pendant les trois siècles où Cordoue fut la capitale d’al-Andalus.

    Les grands apports de l’art califal sont l’ arc lobé et l’ alfiz , sorte de moulure encadrant l’arc en fer à cheval. En ce qui concerne le décor, les motifs géométriques initiaux en carrés ou losanges cèdent progressivement la place à des motifs floraux (feuilles de vigne, grappes de raisin, acanthes, palmettes et rosettes) d’inspiration omeyyade, qui deviendront par la suite des fleurs cordiformes d’inspiration abbasside.

    La prospérité économique du califat transparaît dans les matériaux employés (pierre de taille et revêtements de marbre travaillé) et dans la richesse des mosaïques byzantines aux reflets métalliques, exécutées par des artisans étrangers.

    Période des royaumes de « taifas » (11 s.)

    Si paradoxal que cela puisse paraître, malgré la division politique qui caractérise les royaumes de taifas , l’activité artistique de cette époque présente une grande homogénéité, car l’Andalousie, isolée de l’Islam, reste en marge des influences orientales. Les artistes de l’ex-califat de Cordoue émigrent vers les différentes cours de taifas , perpétuant ainsi la tradition cordouane.

    La décadence économique entraîne l’abandon des matériaux nobles (pierre de taille pour les murs et marbre pour les colonnes et les piliers) et, dès lors, l’emploi de la brique , du plâtre et du mortier se généralise. En revanche, les décors deviennent particulièrement spectaculaires (décors épigraphiques, entrelacs et décors végétaux) et apparaissent toutes sortes d’ arcs ( lobés , mixtilignes , en fer à cheval semi-circulaires et brisés, entrecroisés…) qui vont former les célèbres arabesques.

    L’architecture religieuse à cette époque occupe moins de place que l’architecture civile (construction de nombreux bains publics comme le Bañuelo de Grenade) et militaire (alcazabas de Málaga, Grenade et Almería).

    Période almoravide (12 s.)

    Après l’arrivée des tribus almoravides dans la péninsule, l’art d’al-Andalus se diffuse dans tout le Maghreb. Marrakech et Séville deviennent les capitales du nouveau royaume de part et d’autre du détroit de Gibraltar, et peu à peu de nouvelles tendances apparaissent, consécutives aux influences qui s’exercent mutuellement entre les populations des deux continents.

    Les arcs deviennent de plus en plus complexes tout comme les coupoles, dont certaines sont ajourées et d’autres ornées de moçárabes . C’est le début de la décoration géométrique formant un réseau de losanges (la sebka ) ; les entrelacs et les combinaisons épigraphiques se compliquent.

    Presque toutes les constructions andalouses de cette époque ont disparu ou sont masquées par les apports almohades, sauf à Almería où la mosquée (aujourd’hui église de San Juan) possède un mihrab almoravide, aux dires des experts.

    Période almohade (13 s.)

    Le puritanisme et l’austérité des Almohades transparaissent dans l’aspect simple et monumental des constructions à caractère généralement défensif, comme l’alcázar et la Torre del Oro de Séville. Ce type de construction fortifiée aux solides portes et aux tours défensives ( albarranas ou tours de guet), indépendantes de l’enceinte fortifiée, sert de modèle aux chrétiens pour la construction des châteaux forts.

    Les Almohades vont employer les mêmes matériaux que leurs prédécesseurs, soit la brique, le mortier, le plâtre et le bois, mais vont opter pour une décoration plus sobre avec de grands espaces dénudés et des décors géométriques à la place des décors végétaux. On abandonne l’arc en fer à cheval traditionnel, sauf dans certains cas exceptionnels, au profit de l’arc en fer à cheval brisé et de l’arc lobé.

    Le monument le plus représentatif de cette époque est sans aucun doute la Giralda de Séville, qui fut en son temps le minaret de la Grande Mosquée de la capitale du royaume almohade.

    Période nasride (13 s.-15 s.)

    Nombreux sont les spécialistes qui considèrent que cette période représente le grand moment de la créativité artistique en al-Andalus. Longtemps, les spécialistes de l’art nasride opposent la pauvreté des matériaux à la richesse du décor. On sait aujourd’hui que c’était la fonction de l’édifice qui conditionnait le choix des matériaux. Ainsi, alors que pour les forteresses (comme l’alcazaba de Grenade) et les bains on utilise la pierre de taille, la brique et le mortier (composé d’argile qui donnait cette couleur rouge typique), dans les palais (comme celui de l’Alhambra) on emploie le marbre sur les sols et les colonnes, la céramique vernissée (azulejos) sur les zones exposées ainsi que les voûtes et plafonds artesonados de bois et les voûtes de moçárabes .

    Deux types de chapiteaux apparaissent : le chapiteau à base cylindrique ornée de feuilles lisses, surmontée d’un parallélépipède habillé de feuillage, et le chapiteau à moçárabes d’inspiration orientale.

    La couleur, même partiellement effacée par les ans, demeure l’une des caractéristiques de l’architecture nasride, dont les intérieurs devaient ressembler en leur temps à des tableaux pointillistes. Outre les soubassements d’azulejos, les revêtements de plâtre et de bois polychromes mêlent les tons rouge, bleu, vert et or, tandis que les chapiteaux et les colonnes sont en marbre de couleurs variées. Si l’Alhambra nous fascine à l’heure actuelle par sa finesse, on a peine à imaginer son aspect dans sa période de splendeur.

     

    L’art médiéval

    Art mudéjar (13 -16 s.)

    Après la conquête de Cordoue et de Séville dans la première moitié du 13e s., les modèles chrétiens sont imposés à la partie annexée à la Castille, mais on confie leur réalisation aux habiles bâtisseurs musulmans. C’est ainsi que l’on voit naître l’art mudéjar, typiquement espagnol, produit de la fusion entre l’art islamique et l’art occidental.

    L’architecture mudéjare va évoluer au fil des siècles et s’adapter à la typologie dominante dans chaque territoire, si bien que l’art mudéjar andalou diffère de celui des autres régions d’Espagne. Malgré des distinctions, il reste fidèle à la tradition musulmane dans les matériaux (plâtre, brique, bois), les techniques de construction (préparation des murs, arc en fer à cheval, arc brisé, toiture en bois) et la décoration (plafonds artesonados , emploi de l’ alfiz , ouvrages de plâtre travaillés).

    Les églises de Séville (San Marcos, San Pablo, Santa Marina), généralement en brique, présentent des plafonds artesonados et sont décorées dans la tradition almohade.

    Dans le domaine de l’architecture civile, les toitures à deux ou quatre versants prédominent ; c’est le cas du palais de l’alcázar de Séville, reconstruit par Pierre Ier à partir de 1362, de la tour de don Fadrique à Séville, de la tour d’El Carpio à Cordoue et de la Casa de Pilatos à Séville.

    Art gothique (13 -15 s.)

    L’art primitif gothique andalou, inspiré du modèle cistercien (grandes rosaces sur les façades, nef centrale avec deux nefs latérales plus basses) se caractérise surtout par l’emploi des croisées d’ogives pour les voûtes. Il a produit des œuvres intéressantes comme les églises ferdinandines de Cordoue (Santa Marina, San Miguel, San Lorenzo).

    L’an 1401 voit le début de la construction de la cathédrale de Séville , parfait exemple de gothique andalou et l’une des dernières cathédrales gothiques espagnoles. Les artistes flamands qui interviennent dans cette ambitieuse construction apportent une série d’innovations qui seront reprises dans d’autres églises d’Andalousie, comme le plan rectangulaire, le chevet plat avec une petite abside, les fins piliers fasciculés, les voûtes en étoile et la décoration chargée.

    Sous le règne d’Isabelle la Catholique apparaît le style isabélin , à mi-chemin entre l’art gothique et l’art de la Renaissance, où se mêlent avec exubérance les éléments flamboyants et mudéjars. C’est la Chapelle royale de Grenade, d’Enrique Egas, qui illustre le mieux ce style.

    Les artistes étrangers qui se rendent à Séville au 15e s. apportent à la sculpture andalouse l’influence flamande, caractérisée par son profond réalisme. Lorenzo Mercadante , originaire de Bretagne, est une figure marquante de la sculpture gothique andalouse. Il travaille surtout à la cathédrale de Séville et introduit la technique de la terre cuite que vont reprendre ensuite de nombreux artistes locaux. Citons également Pedro Millán , auteur de la Vierge du Pilar de la cathédrale de Séville.

    La Renaissance (16e s.)

    L’arrivée de la manne constituée par l’or des Amériques a coïncidé avec l’introduction en Espagne des nouvelles formes artistiques nées de la Renaissance. Séville, Cordoue, Grenade, mais aussi bien d’autres lieux redeviennent des foyers de création artistique, grâce à l’apparition d’artistes majeurs. Ce foisonnement atteindra son apogée lors des deux siècles suivants avec la grande époque du baroque andalou.

    Architecture

    Cependant, au début, la splendeur du gothique finissant et la tradition mudéjare freinent l’adoption des critères de la Renaissance. En effet, pendant le premier tiers du 16e s., c’est le style plateresque qui s’impose dans la continuité du style isabélin. Il est ainsi nommé car les sculptures qui recouvrent les façades évoquent, par leur richesse, leur profusion et leur finesse, le travail des orfèvres ( plateros en espagnol). L’arc en plein cintre, le bossage, les balustrades, les chapiteaux classiques ainsi que la présence de médaillons et de blasons sur les façades caractérisent ce courant. Si le chef-d’œuvre du genre est sans doute l’hôtel de ville ( ayuntamiento ) de Séville, dû à Diego de Riaño , vous en découvrirez un certain nombre d’autres exemples en Andalousie : parmi les plus belles réussites, citons à Grenade la gracieuse Lonja de la Chapelle royale et le porche de l’église du monastère de San Jerónimo (œuvre de Diego de Siloé), nombre de palais et d’églises de Baeza et d’Úbeda dans la province de Jaén, ou encore la façade de l’église de Santa María de la Ascunción, réalisée par Alonso de Baena, à Arcos de la Frontera.

    À mesure que l’on avance dans le siècle, les proportions prennent le pas sur la décoration et on abandonne définitivement toutes les formes gothiques. Les voûtes en berceau, en plein cintre ou sur pendentifs dominent ; on utilise presque exclusivement l’arc plein cintre, et les motifs décoratifs deviennent plus volumineux, se concentrant sur certaines parties et laissant ainsi de vastes espaces libres.

    Trois noms illustrent parfaitement l’architecture de la Renaissance en Andalousie.

    Diego de Siloé (1495-1563) achève la cathédrale de Grenade, modifiant ainsi le projet gothique conçu par Enrique Egas. Cet ouvrage, l’un des plus représentatifs de l’époque, va servir de modèle aux cathédrales de Málaga et de Guadix. Diego de Siloé se montra très actif, intervenant tant à Guadix qu’à Montefrío (église de la Villa) et dans la province de Jaén, où il travailla en étroite collaboration avec son disciple, Andrés de Vandelvira (1509-1575). Celui-ci laisse libre cours à son audace architecturale, comme l’attestent la cathédrale de Jaén ainsi que divers monuments de la province, en particulier à Úbeda (église del Salvador) et à Baeza.

    Enfin, Pedro Machuca (mort en 1550), architecte et peintre, demeure, quant à lui, fidèle à la formation italienne qu’il reçut auprès de Michel-Ange. Son œuvre maîtresse, le palais de Charles Quint dans l’Alhambra de Grenade, est une construction au plan d’une simplicité extrême (un cercle inscrit dans un carré), totalement innovatrice et incomprise en son temps… comme de nos jours par nombre de visiteurs du palais de Boabdil.

    À Séville, citons tout particulièrement Martín Gaínza (Chapelle royale de la cathédrale) et le Cordouan Hernán Ruiz , à qui l’on doit la physionomie actuelle de la Giralda.

    Dans le dernier tiers du 16e s., le style herrérien , du nom de Juan de Herrera , architecte du monastère de l’Escurial, s’impose avec force en Espagne. Séville s’honore de posséder une œuvre de l’architecte favori de Philippe II, les Archives des Indes (Archivo General de Indias), dont la façade sobre et rectiligne présente tous les éléments caractéristiques de l’art de la Contre-Réforme.

    Sculpture

    Réalisme et force de l’expression règnent dans la sculpture de cette période, qui annonce déjà le baroque. Les commandes proviennent généralement de l’Église, ce qui explique la prédominance du thème religieux dans les œuvres. De plus, le dernier tiers du siècle voit naître la Contre-Réforme, dont Philippe II sera l’actif défenseur. Les sculptures sont le plus souvent réalisées en bois polychrome ; le marbre, l’albâtre et la pierre, sont quant à eux, présents dans les quelques ouvrages profanes ainsi que dans l’art funéraire ou l’architecture monumentale. Comme pendant la période gothique, on trouve de nombreux autels décorés de retables de grandes dimensions.

    Parmi les nombreux artistes italiens qui travaillent en Andalousie, il convient de citer Domenico Fancelli (1469-1518), auteur du tombeau des Rois Catholiques dans la Chapelle royale de la cathédrale de Grenade, Jacobo Florentino (1476-1526), qui réalise L’Enterrement du Christ exposé au musée de Grenade et Pietro Torrigiano , dont le Saint Jérôme pénitent (musée de Séville) ne sera pas sans exercer une grande influence sur les sculpteurs baroques sévillans. Le Bourguignon Felipe Vigarny (mort en 1543) travaille surtout en Castille avec Berruguete, mais exécute à Grenade l’un de ses chefs-d’œuvre, le retable de la Chapelle royale.

    Malgré sa mort prématurée, le sculpteur espagnol le plus important de cette époque est Bartolomé Ordóñez (mort en 1520), originaire de Burgos mais formé en Italie et décédé à Carrare après avoir travaillé sur les tombeaux de Jeanne la Folle et de Philippe le Beau (Chapelle royale de Grenade).

    Peinture

    De même que pour la sculpture, les thèmes religieux l’emportent sur les thèmes profanes, mais Séville échappe à la règle, car quelques familles fortunées font figurer dans la décoration de leurs demeures des thèmes profanes, mythologiques et allégoriques (Casa de Pilatos). L’influence flamande, avec sa prédilection pour le concret, domine dans la première partie du siècle. Peu à peu, le maniérisme toscan et le classicisme de Raphaël préparent l’arrivée de la peinture vénitienne.

    Le meilleur représentant de la Renaissance primitive à Séville est le peintre Alejo Fernández (1475 -1546), d’origine allemande malgré son nom espagnol emprunté à son épouse. À l’image des peintres flamands, il apprécie par-dessus tout les effets de perspective et le parfait ordonnancement de l’espace ; c’est lors de son séjour à Cordoue qu’il réalise sa célèbre Flagellation (musée du Prado, Madrid) et le Christ à la colonne qui est exposé au musée de Cordoue. Lorsqu’il s’installe à Séville, il préfère les représentations humaines ; outre la Vierge à la rose (église de Santa Ana), son œuvre la plus célèbre est la Vierge des Navigateurs de l’alcázar de Séville.

    Le Sévillan Luis de Vargas (1506-1568), formé en Italie par un disciple de Raphaël, s’inspire du maniérisme de Vasari et de la délicatesse du Corrège. Son œuvre la plus célèbre, Scènes de la vie du Christ (cathédrale de Séville), reçut le surnom de « la gamba » en raison de l’élégance de la jambe (en italien, gamba ) d’Adam. Luis de Morales (1520 -1586 ), originaire d’Estrémadure mais très andalou, mérite également d’être mentionné. Son œuvre très personnelle mêle les influences flamande et italienne. La douceur des personnages féminins ainsi que l’expression du Christ souffrant ( Ecce homo de l’académie de San Fernando de Madrid) en ont fait l’artiste le plus apprécié du public et le plus imité de ses contemporains.

    Au cours du 16e s., de nombreux peintres flamands viennent à Séville, attirés par sa richesse et dans l’espoir de trouver du travail aux Amériques. Citons le robuste Peter Kempeneer, connu sous le nom de Pedro de Campaña (1503-1563), auteur de la grande Descente de Croix de la cathédrale de Séville, ainsi que Hernando Sturbio (mort en 1577), qui y réalise également le retable des Évangélistes.

    Le baroque (17e s.-18e s.)

    Dans le paysage baroque espagnol, l’Andalousie occupe une place de premier plan dans tous les domaines.

    En architecture, le style herrérien continue de dominer dans la première moitié du 17e s. Les églises présentent un plan rectangulaire très simple, des motifs ornementaux de plâtre et parfois des façades décorées de panneaux d’azulejos (Hospital de la Caridad de Séville). Puis l’austérité s’adoucit et les édifices commencent à se couvrir de détails décoratifs ; cependant, les structures sont toujours très simples et de nombreuses coupoles sont simulées, en fait constituées d’une armature de bois rehaussée de plâtre au lieu d’être exécutées en pierre.

    C’est au milieu de ce siècle qu’ Alonso Cano , architecte, sculpteur et peintre, réalise la façade principale de la cathédrale de Grenade.

    Cependant, après l’arrivée des Bourbons, le baroque andalou entame sa période de splendeur, d’autant que le développement des échanges commerciaux avec l’Amérique (du fait de l’ensablement du Guadalquivir, Cadix a succédé en 1717 à Séville comme lieu privilégié d’échanges avec le Nouveau Monde) entraîne une véritable frénésie de constructions sur tout le territoire andalou. Nombre de petites villes se dotent alors de demeures seigneuriales et d’églises baroques qui leur confèrent un charme particulier : c’est le cas, entre autres exemples, d’Osuna (clocher de l’église de la Merced, palais des marquis de la Gomera…), d’Écija (palais de Benamejí et de Peñaflor, clocher de l’église de San Juan…), de Lucena (chapelle del Sagrario), de Priego de Córdoba, d’Alcalá la Real, de Guadix (clocher et façade de la cathédrale), de Carmona (couvent de las Descalzas), d’Estepa avec le porche de l’église del Carmen…

    L’imagination débordante des artistes n’a plus de limites. Les structures concaves et convexes donnent un mouvement ondoyant aux façades, et les motifs décoratifs (volutes, chapelets de fleurs, colonnes torses) recouvrent toutes les surfaces. En proie à une commune exubérance, tous les architectes interprètent le baroque au gré de leur imagination. L’influence arabe et la fantaisie coloriste prédominent dans le sanctuaire de la chartreuse de Grenade, d’un faste confinant au délire, réalisé par Francisco Hurtado (1669-1725). Et que dire de l’extraordinaire décoration de l’église de San Juan de Dios dans cette même ville Vicente Acero , auteur de la Manufacture royale de tabac (Real Fábrica de Tabacos), s’inspire quant à lui de la cathédrale Renaissance de Grenade pour réaliser à Cadix, entre 1722 et 1729, la dernière grande cathédrale espagnole.

    Le Sévillan Leonardo de Figueroa (1650-1730), auteur d’ouvrages civils aussi importants que le palais de San Telmo (une école pour les futurs navigateurs, devenue aujourd’hui siège du Gouvernement andalou) et l’Hospital de los Venerables, réalise également à Séville deux magnifiques églises, celle del Salvador et celle de San Luis de los Franceses ; cette dernière, au plan central et aux colonnes torses, montre la parfaite maîtrise de l’artiste qui a su mêler brique, céramique et revêtement de couleur.

    Sculpture

    Tandis qu’en Italie et en France les statues de marbre et de bronze inspirées de thèmes allégoriques et mythologiques abondent, l’art en Andalousie reste au service de la Contre-Réforme, et le réalisme demeure sa note dominante.

    Au début du 17e s., l’Andalousie devient un foyer de sculpture religieuse. Les temps sont difficiles et les gens recherchent dans la religion la solution à leurs problèmes. De multiples confréries se créent et multiplient les commandes de statues ou de groupes, qui seront vénérés sur les autels ou sortis en procession dans les rues ( pasos de la Semaine sainte). Les œuvres, de plus en plus réalistes et expressives, sont toujours en bois polychrome, mais les couleurs sont plus naturelles. Les corps sont souvent recouverts de vêtements en tissu, seuls les visages et les mains sont sculptés, et on ajoute même parfois des yeux ou des larmes de verre et de vrais cheveux.

    Surnommé par ses contemporains le « dieu du bois », Juan Martínez Montañés (1568-1648), né à Alcalá la Real (province de Jaén), est le véritable fondateur de l’école de sculpture de Séville, et le plus illustre représentant de cette sculpture andalouse à son apogée. Davantage inspiré par la Renaissance que ses contemporains, ce sculpteur n’évoluera vers le style baroque qu’à la fin de sa carrière. Auteur d’une considérable œuvre en bois polychrome (dont les couleurs étaient souvent apposées par le peintre Francisco Pacheco), il sait conférer une grande sérénité à l’expression de ses visages. Outre de nombreux retables d’inspiration maniériste (celui de Saint Jean dans l’église du couvent de San Leandro à Séville), il est l’auteur d’innombrables statues du Christ et de saints (son chef-d’œuvre étant sans doute le Christ de la Clémence de la cathédrale de Séville) et même de statuettes d’ivoire. De sa période baroque, il faut retenir l’extraordinaire retable de la Bataille des anges (église de San Miguel de Jérez de la Frontera) et les magnifiques Immaculées songeuses de la cathédrale de Séville. Parmi les disciples de Montañés, aux personnalités très variées, citons le Sévillan Alonso Martínez (mort en 1668), qui collabora à nombre de chefs-d’œuvre de son maître, et le Cordouan Juan de Mesa (1583-1627), au style plus dramatique, auteur en 1620 du célèbre et vénéré Jésus du Grand Pouvoir exposé aujourd’hui dans un sanctuaire sévillan édifié en 1965, le temple de Nuestro Padre Jesús del Gran Poder.

    Artiste polyvalent, peintre et architecte, le Grenadin Alonso Cano (1601-1667) conduit l’école de Séville avec Martínez Montañés. Ses personnages, empreints de simplicité et de délicatesse, seront repris plus tard par ses nombreux disciples, comme Pedro de Mena (1628-1693), auteur des stalles du chœur de la cathédrale de Málaga, ainsi que José de Mora (1642-1724), dont le déséquilibre psychologique (il mourut fou) transparaît dans des œuvres parfois saisissantes.

    Vers le milieu du 17e s., et surtout au début du 18e s., on note l’influence italienne inspirée du style du Bernin. L’agitation, le mouvement et le sens dramatique dominent, et les artistes andalous adhèrent à l’unanimité à ce courant. José de Arce (mort en 1666) est le précurseur de ce mouvement dans lequel Pedro Roldán (1624-1700) occupe une place importante. Il travaille surtout à Séville (groupe de la Mise au tombeau de l’Hospital de la Caridad), tandis que Pedro Duque Cornejo (1677-1757) doit sa célébrité aux œuvres qu’il réalise pour les chartreux de Séville, mais aussi aux belles stalles de la cathédrale de Cordoue.

    Enfin, n’oublions pas, et cette liste n’est pas exhaustive, Torcuato Ruiz del Peral , auteur de nombreuses têtes très expressives de saints décapités ainsi que des stalles de la cathédrale de Guadix.

    Le 17e s., Siècle d’or de la peinture andalouse

    Le 17e s. est sans conteste le Siècle d’or de la peinture andalouse, qui commence par respecter la tradition flamande souveraine au 16e s. pour gagner ensuite en richesse et en luminosité. À partir du milieu du 17e s., Séville et Madrid deviennent les capitales indiscutables de la peinture espagnole.

    Cependant, la renommée de certains peintres sévillans du début de ce siècle, dont Francisco Pacheco , beau-père de Vélasquez, a été quelque peu éclipsée par la gloire des trois maîtres que sont Vélasquez, Zurbarán et Murillo.

    Diego Vélasquez (1599-1660) passe la majeure partie de sa vie professionnelle à Madrid en tant que peintre de la Cour et grand portraitiste de Philippe II en particulier et de toute sa famille. Cependant, ni sa renommée ni l’influence des peintres italiens qu’il admire tant, comme Titien, ne lui font oublier sa formation sévillane. Avant de quitter sa ville natale, entre 1617 et 1623, il réalise essentiellement des peintures religieuses ou de mœurs comme L’Adoration des Mages qui se trouve aujourd’hui au musée du Prado à Madrid.

    Francisco de Zurbarán (1598-1664), originaire d’Estrémadure fut le grand peintre de la vie monastique et l’auteur de merveilleuses natures mortes. Il représente la réalité de la façon la plus fidèle possible avec une grande économie de moyens et une palette volontairement limitée, s’attachant aux jeux de la lumière qui, dans ses tableaux, semble jaillir des personnages. Son atelier devient rapidement l’un des plus importants de Séville et il exporte beaucoup d’œuvres vers l’Amérique.

    Bartolomé Esteban Murillo (1618-1682), dont les peintures religieuses ( Immaculée , Enfant Jésus ) ont été maintes fois reproduites, fut le peintre le plus célèbre de son époque. Lui aussi exporta par l’intermédiaire de son atelier d’innombrables toiles destinées aux églises du Nouveau Monde. La délicatesse et la fraîcheur de ses peintures, parfois un peu mièvres, ne sauraient toutefois cacher qu’il s’agit d’un artiste maîtrisant parfaitement la technique et la couleur, excellent dans des scènes de genre. Son œuvre est bien représentée dans le musée des Beaux-Arts de Séville.

    Dans un tout autre style, Juan de Valdés Leal (1622-1690) s’attache plutôt à l’expression et traite des thèmes plus macabres, avec une vigueur et un réalisme saisissants, voire parfois franchement morbides, comme dans les fresques réalisées pour l’église de l’Hospital de la Caridad de Séville.

    À Grenade, Alonso Cano (1601-1667), qui a déjà été évoqué en tant qu’architecte et sculpteur, grand compagnon de Vélasquez, est le peintre baroque le plus classique. Son œuvre la plus connue est l’ensemble de toiles représentant la vie de la Vierge, exposé en hauteur dans la cathédrale de Grenade, d’inspiration vénitienne ; il avait fréquenté les peintres vénitiens alors qu’il travaillait sous la protection du favori du roi Philippe IV, le comte-duc d’Olivares.

    L’art en Andalousie aux 19e et 20e s.

    Après des siècles de splendeur, le dynamisme créatif andalou semble s’essouffler au début du 19e s. La profonde crise économique est ressentie dans toute la région et les commandes et projets d’envergure s’amenuisent. Néanmoins, certaines figures isolées originaires d’Andalousie émergent dans le paysage artistique de l’époque. Ces dernières années, les villes andalouses redynamisées ont vu éclore de nouvelles vocations artistiques et de belles réalisations architecturales.

    Peinture

    Dans le domaine de la peinture romantique, il convient de citer les Sévillans Antonio Martínez Esquivel, José Gutiérrez de la Vega et Valeriano Domínguez Bécquer . Ce dernier, frère du poète Gustavo Adolfo Bécquer, réalise des scènes de mœurs empreintes de gaieté qui ne laissent pas deviner les difficultés de sa vie privée.

    Manuel Rodríguez de Guzmán mérite d’être mentionné pour ses excellents dessins de scènes andalouses ; sa vision aimable de la vie dans le sud de l’Espagne, si appréciée par les étrangers, a nettement contribué à créer le mythe romantique andalou.

    À la fin du 19e s., le peintre réaliste Julio Romero de Torres (1880-1930), originaire de Cordoue, peint essentiellement de ravissantes femmes andalouses à la sensualité contenue ( Oranges et Citrons ). Bien qu’ayant connu quelques détracteurs, son œuvre est devenue si populaire qu’un musée a été installé dans sa maison natale après sa mort.

    Totalement différent de Romero de Torres, tant par son style que par sa vie au-delà des frontières, Pablo Ruiz Picasso (1881-1973), originaire de Málaga, est à n’en pas douter le peintre contemporain le plus célèbre ; même s’il ne vécut que huit années sur sa terre natale, il n’en demeura pas moins très attaché à ce qui s’y passait et garda toujours sa passion pour les corridas.

    À mi-chemin entre le 19e s. et le 20e s., deux peintres méritent d’être mentionnés : Daniel Vázquez Díaz (1882-1969), peintre d’inspiration cubiste et auteur des fresques du monastère de la Rábida (Huelva), et Rafael Zabaleta (1907-1960), célèbre pour son expressionnisme stylisé et rustique.

    Plus tard, Luis Gordillo (1934) et Guillermo Pérez Villalta (1948) rejoignent le mouvement figuratif représenté par Alfonso Fraile, Vicente Vela, Alfonso Albacete, Carmen Laffon, Chema Cobo et José Guerrero, originaire de Grenade.

    sculpture

    Mateo Inurria (1869-1924), auteur de la statue du Grand Capitaine à Cordoue, et Jacinto Higueras sont les figures les plus connues de la première moitié du 20e s.

    Miguel Berrocal (1933), sculpteur abstrait à ses débuts, évolue par la suite vers des formes plus figuratives.

    Architecture

    Les grands changements affectant l’architecture s’opèrent assez tardivement en Andalousie. Le modernisme ne produit que quelques exemples curieux dans l’environnement bourgeois (intérieurs, petits magasins), particulièrement dans la province de Cadix. Parallèlement, et inspiré du Costurero de la Reina (Séville, 1893), naît le mouvement historiciste, instauré lors de l’Exposition hispano-américaine de 1929. Outre les pavillons de cette exposition internationale, il convient de citer quelques édifices officiels comme le palais provincial de Jaén et quelques cinémas et théâtres tels le Falla de Cadix et l’Aliatar de Grenade.

    L’architecture des dernières décennies s’adapte sans équivoque aux dernières tendances et traduit bien la positive évolution économique de l’Andalousie. Depuis les années 1960 et la création de l’École d’architecture de Séville, bon nombre d’édifices publics ainsi que des complexes touristiques et des immeubles ont été conçus par les meilleurs architectes andalous ou nationaux, comme le siège de la Junta de Andalucía à Séville réalisé par Saénz de Oiza , le terminal de l’AVE à Séville par Rafael Moneo et d’autres œuvres de La-Hoz, García de Paredes, Cano Lasso…

    Enfin, les opérations d’urbanisme et architecturales menées à bien lors de l’Exposition universelle de 1992 témoignent du dynamisme actuel de l’Andalousie.